“Le capteur de glycémie a changé ma vie” témoigne Ken Tait


 2021-08-04

Cet article a été publié à l’origine par Ken Tait sur son site Web, où il parle de sa vie avec le diabète de type 2 au Royaume-Uni. 


J’ai récemment dû dire au revoir au capteur de glycémie. Je me suis senti assez triste et un peu anxieux.

En février, j’ai décidé qu’il fallait que je comprenne pourquoi on faisait tant d’histoires avec les capteurs de glycémie. Les notions comme la durée dans la cible (TIR en anglais pour time in range ) m’étaient étrangères en tant que personne vivant avec un diabète de type 2.

En tant que militant, j’ai pensé que je devais comprendre par moi-même pour pouvoir aider d’autres personnes vivant avec un diabète. Ainsi, pendant 16 semaines, j’ai acheté le FreeStyle Libre 2, un capteur de glycémie. Les personnes vivant avec un diabète de type 2, et certaines qui vivent avec un diabète type 1, n’ont pas toutes accès à un capteur de glycémie car il n’est pas pris en charge par le National Health Service (le système de santé britannique). Alors pourquoi le FreeStyle Libre 2 ? C’est celui que le NHS distribue sur ordonnance.

Au cours des 22 dernières années, je me suis piqué le doigt pour mesurer mon taux de sucre. Cela me donnait un chiffre et si le résultat était élevé, je m’injectais de l’insuline pour essayer de réduire la glycémie, et s’il était trop bas, je mangeais ou buvais des glucides pour le ramener à un niveau satisfaisant. Le problème, c’est que je ne savais pas si la glycémie augmentait, diminuait ou restait la même. C’était donc du pur hasard. La plupart du temps, cela ne posait pas de problème, mais parfois, si.

La première fois que j’ai porté le FSL 2, ça a été une véritable révélation pour moi. Pour la première fois dans ma vie de diabétique, je pouvais voir ce qui se passait dans mon corps ! Je voyais comment les aliments que je mangeais, le sport et d’autres aspects influençaient ma glycémie. Ces informations étaient désormais à ma disposition pour m’aider à gérer mon diabète 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an.

ALORS, QU’EST-CE QUE J’AI APPRIS ?

  1. La façon dont les différents aliments font monter la glycémie ; certains de manière élevée, d’autres moins, ou d’autres encore ont peu d’impact.
  2. Quel est le meilleur moment pour prendre mon insuline à action rapide. J’ai découvert qu’elle n’agissait pas très vite, mais généralement environ 2/3 heures après la prise.
  3. Pour moi, le meilleur moment pour prendre l’insuline semblait être après avoir mangé, car cela aplatissait le pic glycémique postprandial.
  4. Si j’avais mesuré ma glycémie en me piquant le doigt deux heures après avoir mangé, j’aurais eu un taux de glucose élevé, qui aurait commencé à baisser assez rapidement. Il aurait été très mauvais pour moi de m’injecter de l’insuline à ce moment-là, car cela m’aurait conduit à une possible hypoglycémie.
  5. Le fait qu’il y ait des alertes lorsque le taux est élevé ou faible a été une véritable bénédiction. Surtout la nuit, lorsque je dormais, car je n’avais pas à m’inquiéter de ne pas me réveiller si je faisais une hypo.
  6. Je pouvais également me coucher avec une glycémie à 110mg/dL ou 130mg/dL car je savais que le FSL 2 me réveillerait si je faisais une hypo. Auparavant, j’aurais mangé des glucides pour augmenter mon taux de glucose afin d’éviter de faire une hypo pendant mon sommeil. Grâce à capteur, j’avais de meilleures habitudes de sommeil, même si la qualité de mon sommeil n’est toujours pas parfaite à cause d’autres complications.
  7. Grâce à mon entraîneur personnel, j’ai également compris quel type d’exercice me convenait le mieux lorsque j’avais un taux élevé. Nous avons enregistré les deux types de mesures, par piqûre au doigt et par capteur, pour voir comment elles diffèrent. Avant l’exercice, la mesure par piqûre au doigt était plus élevée, mais au final, les deux mesures étaient remarquablement similaires.
  8. Mon TIR variait de 20 à 80 %.

QU’EST-CE QUE LE CAPTEUR M’A APPORTÉ ?

  1. La tranquillité d’esprit
  2. Une meilleure gestion de mon diabète
  3. Je reprends le contrôle
  4. Moins d’inquiétudes concernant les hypos
  5. Meilleure qualité de vie
  6. Comprendre enfin ce que signifie TIR et comment y parvenir.

ACCES AUX GLYCEMIES

Ce que j’ai vraiment apprécié avec le Freestyle Libre 2, c’est la possibilité pour les professionnels de santé d’accéder à mes données à tout moment. Cela leur permet de faire des recommandations au patient pour l’aider à gérer son diabète. Ces informations sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, et ne dépendent pas uniquement de l’HbA1c qui peut n’être effectué qu’une fois par an. Le médecin n’a aucune idée de ce qui se passe les 9-10 autres mois de l’année.

Mon problème, cependant, est que mon médecin traitant, qui s’occupe de mon diabète, n’a pas pu obtenir ces informations, car il n’est pas autorisé à surveiller les personnes vivant avec un diabète de type 2 avant d’avoir été formé.

 

CONCLUSION

Pourquoi les personnes vivant avec un diabète de type 2 ont-elles besoin d’un capteur de glycémie ?

J’ai lu une excellente analogie :

Vivre avec un diabète, c’est comme si vous traversiez Londres avec un bandeau sur les yeux. Si vous avez la chance de pouvoir vous piquer au bout du doigt, c’est comme si vous traversiez Londres les yeux bandés, mais que vous pouviez parfois voir pendant un bref instant où vous êtes, sans savoir dans quelle direction vous allez. En revanche, si vous disposez d’un capteur de glycémie, c’est comme si vous traversiez Londres sans bandeau et avec un GPS.

Tous les diabétiques doivent pouvoir disposer d’un capteur de glycémie, quel qu’il soit, et pas seulement les rares personnes qui peuvent se le permettre financièrement. Grâce à la technologie, nous pouvons mieux gérer notre diabète et améliorer notre qualité de vie.

 

Écrit par Ken Tait, Publié le , Mis à jour le 11/10/22

Ken Tait vit avec un diabète de type 2 et prend de l’insuline depuis 22 ans. Il est un défenseur du diabète et participe depuis 2019 à des conférences sur le diabète, le stress et autres problèmes émotionnels. Il participe à de nombreux projets sur le diabète, au niveau local, national et international. Croyant fermement au mouvement #nothingaboutuswithoutus, il siège au conseil d'administration de comités locaux et nationaux de soins de santé pour le diabète et participe à deux projets européens : Hypo-Resolve et Trials@Home, dans le comité consultatif de patients (PAC) et le panel d'experts de patients (PEP) respectivement.